Le Kyudo

Le Kyudo, ou la voie de l’arc, est un art martial japonais pratiqué par des passionnés depuis plusieurs années à Lorient (56).

Découvrez avec nous l’art traditionnel japonais du tir à l’arc

Le Kyudo (弓道), littéralement « la voie de l’arc », est l’art martial traditionnel japonais du tir à l’arc. Plus qu’une simple discipline sportive, le Kyudo est une voie de développement personnel qui cultive l’harmonie entre le corps et l’esprit.

Pratiqué depuis des siècles au Japon, le Kyudo se distingue par son approche méditative et sa recherche de la perfection du geste. Chaque mouvement est exécuté avec précision, concentration et respect des traditions ancestrales.

Le tir à l’arc japonais utilise un arc asymétrique (yumi) de plus de 2 mètres, rendant sa pratique unique au monde. La cible se trouve à 28 mètres, et l’objectif n’est pas seulement de l’atteindre, mais d’accomplir un tir juste et beau.

Les origines

Le Kyudo n’est pas qu’un sport ou un loisir, c’est un art qui se distingue par sa philosophie zen inspirée de l’art martial ancestral du Kyujutsu (弓術, « tir à l’arc guerrier ») du code des samouraï (Bushidō (武士道, « voie des guerriers ») utilisé sur les champs de bataille. L’arc est l’arme symbole des samouraï et le Kyudo est considéré au Japon comme l’un des Budo (武道, « arts martiaux) les plus purs. Le premier texte décrivant le tir à l’arc japonais apparaît vers l’an 297 et explique que les habitants des îles japonaises utilisent « un arc en bois qui est court en bas et long en haut. »

Pénétré et nourri par l’influence du Zen, le Kyujustu perd peu à peu sa qualité de bujutsu (武術), techniques guerrières employées par les samourais, et gagne l’emploi du kanji 道 (dō) visant à distinguer les budo, se traduisant par « technique » ou « art », afin de devenir le Kyudo, la Voie de l’arc.

Les Origines Anciennes

Le tir à l’arc au Japon remonte à la préhistoire, avec des preuves archéologiques datant de plus de 10 000 ans. Initialement utilisé pour la chasse et la guerre, l’arc japonais (yumi) a progressivement évolué pour devenir un instrument de développement spirituel et de discipline martiale.

Durant la période Yayoi (300 av. J.-C. – 300 ap. J.-C.), l’arc devient un symbole de pouvoir et de statut social. Les techniques de fabrication se raffinent, créant l’arc composite asymétrique unique qui caractérise le Kyudo moderne.

Période Kamakura

1185-1333

L’ère des samouraïs où le tir à l’arc devient un art martial essentiel. Les guerriers pratiquent le kyujutsu (technique de l’arc) et le yabusame (tir à cheval).

Minamoto no Yoritomo (1147 – 1199)
Fujinomiya

Période Edo

1603-1868

Période de paix où l’aspect martial cède la place à la recherche spirituelle. Les écoles (ryu) se multiplient et développent des philosophies uniques.

Tokugawa Leyasu (1543-1616)
Gare d’Okazaki, Préfecture d’Aichi

La Transformation en Kyudo

Au début du XXe siècle, après la restauration Meiji (1868), le Japon se modernise rapidement. Les arts martiaux traditionnels doivent s’adapter pour survivre. Le kyujutsu (technique de l’arc) se transforme alors en kyudo(voie de l’arc), marquant un changement fondamental d’objectif.

En 1953, la Fédération Japonaise de Kyudo (All Nippon Kyudo Federation) est créée pour unifier et standardiser la pratique. Elle établit le shaho hassetsu, les huit étapes du tir, qui forment la base technique enseignée aujourd’hui.

Le Kyudo dans le Monde

Le Kyudo s’est internationalisé au cours du XXe siècle. La Fédération Internationale de Kyudo (International Kyudo Federation – IKYF) est fondée en 2006 pour coordonner la pratique mondiale et organiser des championnats internationaux.

En France, le Kyudo arrive dans les années 1980 grâce à des maîtres japonais et des pratiquants français ayant étudié au Japon. La Fédération Française de Kyudo est créée en 2001 et regroupe aujourd’hui plusieurs clubs à travers le pays.

Au delà de l’art martial

Une voie de développement personnel qui accompagne le pratiquant tout au long de sa vie. Les valeurs apprises sur le shajo (lieu de tir) se transfèrent naturellement dans le quotidien : concentration, patience, respect, humilité, persévérance.

En effet, le Kyudo trouve sa place au sein des méthodes orientales dédiées à la transformation de soi vers un mieux être et une quête de vérité personnelle. Il est une recherche du développement du corps par la maîtrise des gestes. Ainsi, l’arc (wakyū, 弓, arc japonais, communément appelé yumi ,弓, arc), arme de prédilection des samouraïs après le sabre, n’est que le prolongement du kyudojin (pratiquant du Kyudo), et la cible (Mato) que ses deux flèches doivent atteindre, son miroir.
L’objectif à atteindre, la philosophie de cette discipline, est « la recherche du geste parfait, l’équilibre au plus juste entre le corps et l’esprit » : les objectifs de vérité, de vertu et de beauté priment sur l’atteinte de la cible.

La chorégraphie du tir est codifiée et l’étiquette tient un rôle central, visant l’élégance et la justesse. L’harmonie enfin est la clé de voûte, que ce soit dans la gestuelle, l’esthétique générale, ou la relation avec les autres archers qui coordonnent leurs déplacements et leur tir respectif dans une succession parfaitement maîtrisée. La beauté du kyudo s’exprime dans les tenues traditionnelles, le grand arc de plus de deux mètres aux courbures naturelles, le rythme lent cérémonial, et l’attitude digne et solennelle des archers aux lâchers puissants dans une intense concentration.

Le Kyudo se pratique dans un contexte bien précis, dans un cadre protocolaire ancestral qui participe de sa plénitude.

Le Kyudo est une voie qui n’a pas de fin. C’est un voyage constant vers une meilleure compréhension de soi-même et du monde.

Les valeurs du KYUDO

Vérité Bonté Beauté : les trois buts du KYUDO

Shin 真, la Vérité

Le tir dans le Kyudo doit être vrai : il ne s’agit pas seulement d’être habile, l’archer doit offrir sincèrement son être dans l’expression de son tir, sans truchement. Il lui faut mettre à l’unisson son esprit (attitude), son corps (mouvements) et son arc (technique), en cherchant la plus grande simplicité. La cible n’est plus alors ni cible ni adversaire. Elle devient fidèle miroir de soi. 

Zen 善, la Bonté

L’idée de bonté est associée à la recherche de vérité. Une attitude et un comportement justes suscitent un état de calme physique et mental équilibré qui s’exprimera autant dans le tir que dans le quotidien. 

Bi 美 , la Beauté

La beauté naît de la beauté formelle de l’arc, de l’attitude courtoise et respectueuse du kyudojin ainsi que de l’harmonie de tous les mouvements dans la cérémonie du Kyudo. La sobriété et l’apparente facilité de forme cachent un haut degré de précision, de maîtrise. L’ensemble du tir dégage ainsi élégance et raffinement. 

Les Valeurs Complémentaires

Rei – Le Respect et l’Étiquette

Le respect est au cœur de la pratique du Kyudo. Il se manifeste par l’étiquette rigoureuse (reishiki) : saluer l’arc, le dojo, ses partenaires. Chaque geste exprime la gratitude et l’humilité. Le respect s’étend au matériel, à l’espace de pratique et à la tradition transmise par nos maîtres.

Mushin – L’Esprit Sans Pensée

Mushin désigne l’état d’esprit où l’on agit sans pensée parasite, dans un flux naturel et spontané. C’est laisser le corps agir sans interférence mentale, atteindre un état de présence pure où le tireur, l’arc et la cible ne font qu’un. Cette vacuité mentale est le fruit d’années de pratique.

Zanshin – La Vigilance Continue

Zanshin est l’état d’alerte détendue qui persiste après le tir. Ce n’est pas seulement la dernière étape technique, mais une attitude d’esprit : rester pleinement présent et conscient, même après avoir lâché la flèche. Cette vigilance s’applique aussi à la vie quotidienne.

Seisha Hitchu : Un Tir Juste Atteint la Cible

正射必中 (Seisha Hitchu) est le principe fondamental du Kyudo : « Un tir correct atteint nécessairement la cible. »

Cela signifie que si tous les éléments du tir sont correctement exécutés – posture, respiration, concentration, technique – la flèche atteindra naturellement son but. L’inverse n’est pas vrai : toucher la cible par hasard ou avec une mauvaise forme n’a aucune valeur dans le Kyudo.

Ce principe illustre que le Kyudo ne cherche pas le résultat à tout prix, mais l’excellence du processus. La cible n’est qu’un reflet de la qualité de notre pratique, un miroir de notre état intérieur. C’est pourquoi on dit que dans le Kyudo, on ne vise pas la cible, on se vise soi-même.

Portfolio

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